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31 mai 2014

LA LIBIDO

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      Très jeune, mes rêves et ma libido créaient en moi une foi immense et bourrée d'énergie, capable de créer un paradis sur terre à mon usage personnel. Je croyais en des valeurs telles que l'amour, la tendresse, l'honnêteté, la complicité, l'attention au développement harmonieux de l'élue. J'élevais ces sentiments en idéal. Mon rêve était beau, juste et entraînant. 
      Mais très tôt aussi, « on » me fit savoir que tout cela était réservé aux riches, peut-être, mais pas à nous. Ici, régnait le Dieu Argent. Et pour s'attirer ses faveurs, il fallait travailler sans états d'âmes pour gravir les échelons du bonheur, que la société réservait aux plus valeureux, et déjà aux moins honnêtes. 
      Pff, travail, travail. Et le plaisir, alors ? Où débusquer cet attrait qui serait capable de mettre en branle l'immense réserve de générosité dont je me sentais investi ? J'écoutais sans réagir à aucun, les « avantages » de divers métiers. Si tu fais le vendeur comme moi, tu travailleras toujours à l'abri, et puis tu auras des vêtements bon marché. Si tu fais le serveur, tu auras des pourboires. Si tu fais fonctionnaire, tu auras des revenus garantis à vie. Si tu fais l'électricien, tu apprendras des tas de choses, mais attention, c'est parfois dur de creuser des tranchées dans les cloisons et les murs. Si tu fais le boulanger … On m'a même proposé curé ! C'est dire … 
      Puis un jour que mon père me questionnait pour la, heu, centième fois ?, je décidais que je serais voyageur, car je voulais voir si autre part, c'était aussi peu attirant, creux et exigeant qu'ici,… ou plus généreux, plus souriant, plus enrichissant, bien meilleur, qui sait ?  Je voulais quitter les durs et peu lucratifs travaux de la ferme pour voyager.  
      - Avant de voir le monde, tu ferais bien de visiter ta région, ton pays, fut la réponse.
      Oui, d'accord, mais moi, je voulais juste comprendre cette Terre si dure, si peu alléchante, si peu adaptée à mes rêves. Il y avait peut-être quelque part, un lieu beau, intelligent et paisible, où je pourrais vivre heureux ? Donc, après des études sans grande conviction, l'armée et la rencontre de mon épouse, je me lançais dans cette découverte curieuse, mais en local, suivant en cela les recommandations du père.   
      Ensuite, je mettais des dizaines d'années à admettre que les valeurs telles que l'amour, la tendresse, l'honnêteté, la complicité, l'attention au développement harmonieux de l'élue, ça ne marchait jamais, ou si peu que c'en était négligeable. Je devais me rendre à l'évidence, que dans cet univers de « chaîne alimentaire » particulièrement atroce en maints points de survivance, ces valeurs étaient presque toujours considérées comme autant de faiblesses. Le lieu beau intelligent et paisible où je pourrais vivre heureux, n'existait pas non plus. 
      Peu à peu, après chaque prise de conscience, l'attrait pour « l'amour », s'en trouvait réduit. Or à l'époque, on nous vantait les performances sexuelles.  Je me suis donc lancé comme tant d'autres, dans des tas d'aventures. Oh, j'en  faisais, des exploits ! Mais il y avait toujours plus fort ou plus osé que soi. Et puis les limites personnelles à la dépravation œuvraient pour saper cette sexualité, il me fallait trouver autre chose. 
      Que me restait-il comme motivation ? Il y avait toujours la libido, mais elle se comportait envers moi, comme une maîtresse autoritaire ; et moi, je n'avais pas un tempérament d'esclave. J'avais déjà maté l'alcool, le jeu, le tabac, la télé, la religion, de nombreux arrogants, mes pensées automatiques, et bien d'autres entraves à ma liberté. Alors si elle voulait survivre, cette exigeante libido qui m'apparaissait de plus en plus comme une corvée, eh bien elle était sommée de m'apporter plus qu'un plaisir éphémère… Je voulais à tout prix vivre avec mes valeurs ennivrantes, sinon rien.
      Elle ne le fit pas.
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  • Un bon citoyen est quelqu'un qui ne se satisfait pas des acquis, quelqu'un qui veut améliorer son environnement. Il commence donc par râler, puis il triture ses idées et les transmet aux autres. C'est ce que je vous propose de faire ici.
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