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1 septembre 2016

DISCRIMINATIONS

DSCF4456à 7 h 40
L'abandon que j'ai subi à l'âge de trois ans m'a rendu sensible aux discriminations et rejets. Du coup, je prends un exemple récent, pour vous faire piger ce su­jet très important.

Il y a de cela dix jours, le maire du village décrète qu'il interdit la fête foraine. La raison invo­quée est qu'on est en guerre et qu'on n'a pas assez de cinq gendarmes et deux policiers pour protéger la fête. On cite Nice qui a bon dos. Personne ne sait qui est Estrosi ni pour qui il roule... On prend les vauréens pour des ignorants*. Il y a plus de 2000 CRS logés à Toulouse, qui est à 40 km, mais non, ça compte pas. La fête des fleurs de Luchon a eu lieu sans souci, mais ça compte pas non plus.

Branle-bas de com­bat chez les commerçants qui perdent une source de revenus. Alors, trois jours plus tard, le mai­re, nouveau résident dans la ville (avant, il vivait à Paris), décrè­te qu'il garde les concerts, mais proscrit la fête aux forains. Ils n'ont plus le droit de s'ins­tal­ler sous sa fenêtre. La discri­mi­na­tion est en place.

S'en suit un bras de fer :

Protestations des forains qu'on nie, qu'on prive de reconnaissance, et aussi de gains, alors qu'on exige d'eux qu'ils paient des taxes, des impôts, leurs charges sociales et remboursent leurs crédits ; sans com­p­ter qu'on réduit leur gagne pain pour longtemps ; car depuis 1898, ils vien­nent se po­ser chaque année cinq jours à l'om­bre des platanes, dès la fin de la fête au village voisin. Cette an­née, interdit ou pas, ils y campent encore, mais avec des panneaux « FORAINS EN COLÈ­RE ».

C'est une habitude, en France. On a tué des millions de paysans en 14 – 18 pour faire gagner de l'argent aux in­dus­triels, dont Renault qui a produit des chars de guerre et Citroën qui a fabriqué un million d'obus par jour quai de Javel à Paris. Par la suite, la poudre a canons a été vendue en en­grais aux sur­vi­vants. Ensuite, on a usé les pe­tits commer­çants dans les années 60, on a poussé les riches ma­nu­facturiers à s'ex­pa­trier et les pauvres à immigrer... Ah, ils en ont eu des idées…

Protestations de la mairie et du ministre machin qui claironne dans les journaux qu'il va mater les récalcitrants pour aider le maire à faire respecter SA décision. On joue les gros bras. Ca aussi, c'est une habitude.

Oui, mais…

Il y a des tas de dégâts invisibles. En face de chez moi, on a un hôpital psychiatrique. Il est plein à craquer. Les consultations marchent bien ; mais est-il sage de traiter en malades, ceux que l'État détruit ?

Car il y a usure psychique. C'est sûr. Quand on vous rejette si âprement, quand on dé­truit vos ha­bitudes les plus rassurantes, quand on ne vous accorde plus le droit de vivre, quelle est la so­lu­tion ? J'observe ces malheurs depuis des décen­nies. Les soins psy sont de plus en plus prescrits. Or, ils sont de moins en moins efficaces, pour des rai­sons capitalistes. Dans les années 50, on gué­ris­sait en quinze jours un épileptique avec un sirop qui coûtait quelques dizaines de francs. En 2016, j'ai un voisin qui se traîne de­puis dix ans, par épisodes récurrents dans l'hôpital d'en face, et il est illettré. Ma locataire est soignée depuis trois ans, et coûte des centaines de mil­liers d'euros ! Il faut que cela rap­por­te beau­coup d'argent, tant le pillage des nuisibles est grand ; alors… Et ces malheurs se trans­met­tent souvent de génération en génération. Pour les enfants de ces refoulés, c'est très dur de re­mon­ter la pente.

De mon point de vue, et bien que nous ayons tous le droit à l'erreur, c'est une honte. L'in­com­pé­tence et la méchanceté des soi-disant repré­sen­tants de la population sont ici flagrantes.

C'est pourtant vrai que cette fête est bruyante, peu esthétique et gê­nan­te pour beaucoup. Les mar­chés du mercredi et du samedi sont bien piètres, alors que j'adore y aller. C'est vrai, mais tout le monde a le droit de vivre sa vie. Il est préférable d'entamer des négo­cia­tions deux ou trois ans avant, de prendre le temps de trouver des solutions innovantes et accep­tées. Toute cette hâte est trop nui­si­ble ; et ces décideurs qui se déclarent irresponsables dès qu'on leur fait la moindre remarque….  Il est pourtant facile d'associer les habitants de Lavaur aux forains, aux jardiniers, paysans, com­mer­çants et ar­ti­sans pour réfléchir en­sem­ble. Une solution serait par exemple, de faire le marché sous la Halle d'Occitanie et une ex­po­si­tion des créations locales sous la Halle aux Grains en même temps que la fête foraine et les con­certs, concerts choisis ensemble, et non par un petit comité. Augmenter l'attrait pour améliorer les échanges et la convivialité, c'est quand même plus en­via­ble que de saper.

Cependant les forains sont solidaires. Bravant l'interdiction, ils se sont installés comme d'ha­bi­tude. Ils ont même mené une opération escargot sur l'A68 voisine. Aussitôt, une réunion à la pré­fec­tu­re a validé leur victoire. Bien que les moulinets du ministre machin n'aient servi à rien, les irres­pon­sables locaux en ont profité pour faire passer leur photo de famille dans les journaux, et même, de se défausser à la télé comme des gamins (c'est pas moi, c'est ma sœur qui a cassé la ma­chi­ne à vapeur). Cette an­née les fo­rains ne vont pas grossir les rangs des patients en psychiatrie. Ils sont encore assez puis­sants pour maîtriser leurs vies.

Cependant, ce n'est pas le cas de tous les groupes sociaux. Nombreux sont ceux qui sont plus fragiles ; sans compter les règnes minéraux végétaux et animaux pillés ou massacrés. On en est à 44 % de ravages des ressources de la planète. Depuis août, nous vivons à crédit, et chaque année on avance la date. Notre système politique, soi-disant démocratique, mais cachottier, est anti-survie. On ne sait même pas combien il nous coûte. Il faut s'en dégager avant qu'il nous détruise tous.

* Plein de gens pensent ainsi : je rencontre une personne travaillant pour la mairie dans les rues de Lavaur. Son opinion sur la politique est claire : ils ne maîtrisent rien, ni le chômage ni l'éco­no­mie ni la justice, rien. Alors, ils vont nous parler de sécurité jusqu'aux élections, quitte à fabriquer des drames pour se justifier. Quant aux caméras, rien ne prouve leur utilité, puisque leurs images ne sont pas accessibles au public, et que nulle part dans le monde, les caméras n'ont aidé à sécuriser quoi que ce soit.

 

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