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17 février 2017

ECRIRE N'EST PAS PARLER

plaisir d'ecrire 2

Je me rends compte que la puis­san­te énergie qui me donne la force d’écrire, est un handicap à l’oral. Je n’arrive pas à la maîtriser en par­lant. C'est comme si mes discours portaient un enjeu dont la pression les rendaient flous, confus. Ainsi, quand je me sens pressé par le ris­que d’échec à livrer une idée, ma parole vire au stressé, parfois à l’arro­gant ; ce qui ne va pas avec ce que j’ai en tête, et in fine, m’em­pêche de dire ce que j’ai à dire. Je deviens inap­te à parler clair, à confier des don­nées utiles et à forte valeur ajoutée.

Et du coup, en ces temps de campagne électorale, je me demande si les orateurs ont cette énergie en eux ?

Pas sûr, et même peu probable. Je les vois lire des discours écrits par d’au­tres, ou basés sur de vieilles idées. Du coup, ils ne sont pas impliqués dans ce qu’ils di­sent ; même pas sûr qu’ils se sentent responsables. Sinon, comment feraient-ils pour mentir sur tout, tout le temps ? Comment feraient-ils pour maîtriser le punch de plans si pré­cieux et si vitaux, sans se presser ? Ce n’est pas si facile de défendre en public, ce qu’on a construit durant des années, pas à pas, avec grande attention et générosité. Et puis il y a tant à dire, quand le temps de la cam­pa­gne électorale est si court ! L’é­crit permet une bien meilleure information. Il n’y a pas photo.

C’est à cause de l’oubli de la valeur du dis­cours vrai, puisqu'il n’est pas cons­truit par leurs propres soins, qu’ils peuvent user de rou­blardise. C’est ainsi qu’ils ser­vent des buts ex­térieurs à eux-mêmes, buts dont je soup­çonne qu’ils ne voient pas les vrais buts. Naturel­le­ment, ils sont très bien payés pour com­penser leur culpa­bilité de corrompus ; et ce d’autant mieux que ce ne sont pas les corrupteurs qui paient, mais les peuples abusés. Sauf que cela les conduit à ne pas four­nir de la valeur ajoutée pour grandir ensem­ble, puisque ce n’est pas eux qui dé­ci­dent de ce qu’il y a à dire. Ceux qui parlent ne contrôlent rien. Ils pérorent seulement, sou­mis à leurs maî­tres, qui eux, savent ce qu’il y a à savoir sur le sujet utilisé pour peser sur les esprits qu’ils veulent troubler ; et vivre leurs vies de fei­gnants, voire de haineux, sur le dos de ceux qui les écoutent. Jean De Lafontaine n’a-t-il pas écrit : « ap­pre­nez que tout ora­teur vit aux dépens de ceux qui l’écoutent » ?

Je préfère l’écrit de l’autodidacte, qui prend le temps de la réflexion et de l’accès à ses mémoires, à l’Inter­net, aux échanges de toutes sortes, à son pro­pre ima­gi­naire, aux diction­nai­res et ency­clo­pédies, ainsi qu’à l’art de comparer avec des sources variées de véri­tés et de croyances ; et qui, quand il a éliminé tout ce qui ne fait pas sens, met ses trouvailles en ordre avant de les transmettre ; puis en surveille la valeur au fil des ans, réécrit et complète au besoin le sujet qu’il a mis en avant. Il est évident que ce n’est pas le cas avec le dis­cours dicté, conçu pour qu’on ne retienne que ce qui engendre la plus forte émotion. Bien sûr, ceux qui veulent vous tromper usent aussi de l’écrit, mais ils sont obligés à plus de prudence.

Parce que écrire pour l’intérêt général, c’est être à fond dedans, éprouver ce qu’on livre au public, le vivre par tous ses pores et tous ses sens pour en chasser les erreurs. La vue, l’ouïe, le goût, le toucher, l’odorat et surtout l’intuition, même la plus ténue, doivent parti­ci­per à cher­cher l’info de grande valeur. Ensuite il faut mettre le tout en ordre avec des mots précis, écrire l’ex­pres­sion la plus sûre et la plus facile à com­pren­dre, accompagnée de la citation qui représente le mieux la chose à expli­quer, moduler le rythme et l’into­na­tion qui font vivre ce qu’on veut faire passer ; et d’ailleurs, on en a le temps ! L’énergie de l’écrivain est répartie sur des heures, des jours, des mois et même des années pour certaines recherches, tel « la compétition des croyan­ces » que je tra­vaille depuis 2010.

Ainsi étalée, cette vitalité est suppor­ta­ble, ce qui n’est pas le cas à l’oral ; car là, le temps est tassé, réduit. Il n’y en a pas assez pour réfléchir et tester puis  transmettre. Cela veut dire pas bien étudié et pas bien dit, et la quasi cer­ti­tu­de de man­quer d’à propos, de ne pas être clair et com­pris. On peut re­li­re et vérifier un écrit. Préé­cou­ter son allocution est moins courant, la contrôler est impossible. Quand c'est dit, c'est dit et c'est vite obsolète. En plus, la réthorique sert à parler pour ne rien dire. On apprend rarement d'un discours politique.

 

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  • Un bon citoyen est quelqu'un qui ne se satisfait pas des acquis, quelqu'un qui veut améliorer son environnement. Il commence donc par râler, puis il triture ses idées et les transmet aux autres. C'est ce que je vous propose de faire ici.
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